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Il y a par exemple des neveux et des nièces que le boxeur n'a jamais croisés mais qui ont vu en ce combat l'occasion rêvée pour une première rencontre. « Il a même réussi l'exploit de réunir son actuelle petite amie et son ex-copine dans la même salle », s'amuse son grand-père, admiratif.

CHAPITRE 2

CHAPITRE 3

CHAPITRE 4

À ÉCOUTER

Stéphane Boutillier, directeur des sports de l'Université Paris-Dauphine, explique pourquoi la fac a poussé Cyril à poursuivre ses études.

À ÉCOUTER

Cyril souligne les bénéfices que la pratique de la boxe lui a apporté dans sa vie d'étudiant.

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CHAPITRE 2

D'ENFANT CALME 

À CHAMPION DU MONDE, ITINÉRAIRE D'UN BOXEUR

CHAPITRE 3

5 ROUNDS POUR

UNE RÉUNION DE FAMILLE

Football, rugby, basket, et même hip hop. Avant de trouver sa voie, Cyril Benzaquen s’est adonné, comme beaucoup d’enfants, à de nombreuses activités sportives. Avec une préférence pour le judo. « Il était très, très fort », se souvient Yvan Andry, son grand-père. Il ne découvre la boxe thaï qu'à 13 ans, grâce à un de ses cousins qui lui propose d’assister à un cours. Le cousin n’adhère pas ; Cyril adore.

 

 

"UN GARÇON TRÈS CALME"

 

 

Depuis, le grand brun a immédiatement pris goût au ring. « Depuis ce jour où il a découvert la boxe, il pratique de manière intensive. C'est tout juste s'il s'accorde un dimanche de répit de temps en temps !, » s’enthousiasme son père.

 

 

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« Elégant ». C’est le qualificatif que donne le grand-père à son boxeur de petit-fils. « Il me fait penser à James Corbett, un boxeur américain de la fin du XIXe siècle.

 

"UN ARTISTE, UN DANSEUR"

 

Lui aussi c’était un artiste, un danseur. Il lui ressemble », s’amuse Yves Andry. « Ce n’est pas un Mohamed Ali ou un Marcel Cerdan, tout en puissance », poursuit l'ancien chef d'entreprise.

Un premier entraînement aux aurores. Des cours à Dauphine. Avant une nouvelle séance sur le ring dans l'après-midi. Cet emploi du temps surchargé rythme les journées de Cyril Benzaquen. Il y a cinq ans, sa candidature est retenue pour intégrer la sélective Paris-Dauphine. Depuis, le nouveau champion du monde arpente les couloirs de cette université. Le boxeur y a décroché une licence de gestion et un master 1 en marketing.

Le temps du combat, les premiers rangs de l'amphithéâtre prennent des airs de réunion de clan. On y trouve la famille proche, bien sûr. Mais également des membres beaucoup plus éloignés. Tous ont tenu à faire le déplacement, signe que Cyril sait rassembler autour de lui.

Yvan Andry, le grand-père de Cyril, rougit rapidement, porté par l’émotion et l’adrénaline. Impensable pour ses proches de ne pas être présent pour ce combat si particulier. Et pourtant, pour sa famille, cela n’a pas toujours été évident d’assister aux oppositions du jeune champion.

Quand on demande à sa maman quel type d’enfant était son fils, surprise : il n’était pas du tout bagarreur. « C’était un garçon qui aimait bien jouer avec ses Playmobils, il était très calme », se souvient-elle. « Jamais il ne s’est bagarré dans une cour d’école ». Toute la famille s’accorde à dire que Cyril est tout sauf méchant et agressif. « Je le trouve doux quand il monte sur le ring, » s’amuse son grand-père.

 

 

"SOIS PLUS MÉCHANT CYRIL ! "

 

 

Un boxeur trop gentil en combat ? « Sois plus méchant Cyril ! », tonne son frère au bord du ring au 3e round. Tout le clan Benzaquen le dit, même si son grand-père et mentor confie qu’il a progressé sur ce point. Fayçal, ancien partenaire d’entraînement confirme cette « faiblesse » sur laquelle Cyril travaille : « Avant, ça lui arrivait de laisser des chances à son adversaire pour qu’il revienne dans le combat ».

Pourtant, sur le ring, Cyril Benzaquen n’a rien d’un danseur étoile. C’est bel et bien un tueur, un infatigable combattant qui bouge bien comme le dit Fayçal, son ancien camarade.

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À ÉCOUTER

La mère du boxeur nous parle de son fils. Un enfant calme, pas bagarreur pour un sou. Puis un adolescent fidèle en amitié et qui sait où il va.

À ÉCOUTER

Fayçal, partenaire d'entraînement de Cyril durant de longues années parle de la boxe du nouveau champion du monde de K1. Pour lui, Cyril est le boxeur le plus complet de sa génération.

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INTRO

 

 Il y a quelques semaines, le boxeur a finalement mis un terme à ce cursus universitaire sans fausse note. Il a obtenu le diplôme du prestigieux master 2 en entrepreneuriat de l'université. Son mémoire de fin d'étude est bien plus qu'un projet en réalité : organiser son sacre de champion du monde de kick boxing là où il a multiplié les heures de cours et les examens, dans le grand amphithéâtre de l'université.

À Dauphine, Cyril Benzaquen a bénéficié du parcours aménagé pour les sportifs de haut niveau. Un an de plus que les autres étudiants pour boucler sa licence. Des cours regroupés en début de journée pour laisser des créneaux d'entraînement libres.

Malgré ces aménagements, la vie étudiante n'est pas de tout repos pour Cyril Benzaquen. Concilier excellence universitaire et rigueur dans l'entraînement est un défi pour le boxeur. Pour y arriver, il renonce à certains aspects de la vie étudiante : peu de sortie, pas de soirée.

Devant ces sacrifices, le colosse d'1m84 pour 80 kilos a d'ailleurs pensé arrêter ses études.

 

BOXEUR SMICARD

 

Dans ces moments de doute, sa famille et ses professeurs ont toujours su le maintenir sur le chemin des amphithéâtres. Objectif, se prémunir contre les aléas d'une carrière de boxeur professionnel courte et peu rémunératrice. Champion du monde de kick boxing et figure de proue de la discipline en Europe, Cyril Benzaquen peine à tirer plus d'un SMIC de ses activités de sportif.

« J’ai mis beaucoup de temps à pouvoir être présente, ça ne fait que très peu de temps que je suis capable d’assister à ça », confie sa mère. « J’ai beaucoup de mal, ce n’est pas quelque chose de naturel pour une maman de voir son fils recevoir des coups…J’ai toujours peur qu’il en prenne un mauvais, mais au moins je serai là », poursuit-elle.

 

"J'AI TELLEMENT PEUR POUR LUI"

 

Son grand-père est sur le même créneau « Je viens pour dire que je suis là mais je suis un très mauvais spectateur, j’ai tellement peur pour lui », confie-t-il, des trémolos dans la voix. Une anecdote douloureuse lui revient : « Une fois à l’entraînement il a eu le nez cassé, ça m’a traumatisé », se souvient-il. Résultat, il ferme les yeux une partie du combat : « Souvent, à la fin, je ne sais même pas qui a gagné. »

Il ne pouvait en être autrement. Daniel Allouche, le speaker des grandes soirées de boxe sur Canal+, ne feint même pas le suspens. « Le nouveau champion du monde de K1 est… Cyril Benzaquen ! »







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C'était la première fois qu'un événement de kick-boxing de cette ampleur se tenait en Europe. La discipline était jusqu'à présent surtout restée confinée aux pays asiatiques. Cyril Benzaquen a réussi à la faire voyager jusque dans une des universités les plus prestigieuses de la capitale.

La foule de supporteurs s'attendait à une victoire facile du Français. Mais le combat s'est avéré bien plus indécis que prévu. Les deux premiers rounds sont disputés. Dans le troisième, Cyril Benzaquen est même dominé par son adversaire qui l'envoie au tapis.

 

COMBATTANT ET ORGANISATEUR

 

Le boxeur se reprend finalement dans le 4ème round avant d'arracher la victoire et le titre dans la dernière reprise, au bout de la nuit. Tout semblait fait pour et par lui : étudiant pendant 5 ans à Dauphine, il était non seulement combattant, mais aussi organisateur de l’événement. Un défi de taille pour cet athlète hors du commun.

 

Devant ses amis, sa famille, mais surtout dans sa faculté, le boxeur de 26 ans évoluait à domicile. Le combat n’avait pas lieu dans une salle de boxe standard, mais dans le grand amphithéâtre de l'université Paris-Dauphine.


Devant 900 spectateurs acquis à sa cause, Cyril Benzaquen a pris la mesure du Portugais Adelino Boa Morte, remplaçant de dernière minute d’un Italien forfait après avoir subi un KO quelques jours plus tôt. La foule de supporteurs s'attendait à une victoire facile du Français. Mais le combat s'est avéré bien plus indécis que prévu.


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CHAPITRE 1

CHAPITRE 1

SUR LES BANCS DE LA FAC

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CYRIL BENZAQUEN,

BOXEUR

BAC+5

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À ÉCOUTER

Lui n'est pas au premier rang. Dans un coin du ring, parmi le staff de son frère, Nicolas vit le combat presque de l'intérieur, collé au ring, au milieu des conseils et des consignes qui fusent.

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CHAPITRE 4

BOXEUR-ENTREPRENEUR

En dernière année de master Entreprenariat, il devait organiser un événement d’envergure pour valider son diplôme. Son projet est hors du commun, mais séduit : « Je faisais le cours d’événementiel en 3ème année. Ce qu’il a appris avec moi, il l’a poursuivi en M1 et M2 », explique Stéphane Boutillier, responsable des sports et professeur à Paris-Dauphine.



"CE CURSUS LUI VA À MERVEILLE"



« Aujourd’hui il est capable d’organiser ça avec sa petite structure ! On a pris son projet, c’était très atypique, j’ai appuyé sa demande auprès du président et on est parti dans cette aventure en le laissant gérer. »



Derrière son flegme et son doux sourire, Cyril Benzaquen dissimule une très grande rigueur et une volonté à toute épreuve. Pour organiser l’événement, il s’entoure de ses proches : son ami et ancien boxeur Yacin Berrabah, qui s’associe au projet avec sa boîte IT Agency, mais aussi son petit frère Nicolas, 21 ans.


« Mon frère, il est entrepreneur. Ce cursus lui va à merveille », confie son cadet. « Quand il veut quelque chose il l’obtient : il a fait les démarches nécessaires auprès de la fac, des agences, de la fédé, des sponsors et aujourd’hui il réunit ses deux univers : boxe et études ».

L’organisation n’est cependant pas de tout repos : il faut réunir 40 000€. Pour combler le trou, Cyril lance une campagne de financement participatif sur la plateforme Fosburit. Il fait appel à son réseau, et notamment à son grand-père : « C’est normal de donner des coups de pouce quand on est grand-parent ! Je suis ancien chef d’entreprise, et j’ai demandé à tous les commerçants que je connais de participer ».

Même au delà du ring de boxe, les Benzaquen restent un clan. L’opération fonctionne : Cyril récolte 6 000€ pour son combat, bien plus que prévu. Mais tout ce travail en amont l’épuise mentalement. Une fatigue de long-terme insidieuse, que le jeune homme sous-estime. « Je manquais de punch dès le début du combat ! Je m’entraîne 3 fois par jour et je ne dors pas, ça a joué », explique-t-il après son sacre. « Je ne pensais pas que l’organisation me demanderait autant d’énergie. La prochaine fois, je déléguerai beaucoup plus, c’est sûr ! ».

La prochaine fois, ça sera peut-être l’an prochain, pour remettre son titre de champion du monde des moins de 81 kilos en jeu. D’ici là, les partiels et cours magistraux auront repris leurs droits dans l’amphi Edgar Faure. À moins que Dauphine ne réclame un deuxième round.

« On avait hésité entre organiser le combat dans la cour ou dans le réfectoire », sourit Cyril. « Finalement, on a opté pour le grand amphi ». Si le jeune homme a choisi Dauphine pour installer son ring de boxe, ce n’est pas seulement parce qu’il y était étudiant, mais aussi parce que le projet rentrait dans son parcours d’étude.

À ÉCOUTER

Stéphane Boutillier, directeur des sports à l'Université Paris-Dauphine, raconte la genèse du projet et son rôle dans celui-ci.

À ÉCOUTER

Nicolas Benzaquen, frère de, raconte l'organisation de l'évènement et l'implication de son frère, pourtant aussi acteur.

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À ÉCOUTER

Amel, meilleure amie de Cyril  à la fac, décrit ce camarade pas comme les autres.

À ÉCOUTER

Yvan Andry, grand-père de Cyril Benzaquen, évoque les débuts de son petit-fils sur les rings et sa fierté.

CYRIL BENZAQUEN, BOXEUR BAC+5

 

Réalisé par :

 

Jules Chiapello, Martin Guez, Antoine Jeuffin, Baptiste Morin & Maxime Rochard

 

Ce Racontr a été réalisé dans le cadre d'un cours de journalisme sportif de l'Institut Pratique du Journalisme (IPJ-Paris Dauphine). Il s'inspire librement de L'Équipe Explore, série de reportages long-formats publiés par le journal L'Équipe.

 

Crédits vidéo : Jules Chiapello & Baptiste Morin

Crédits photo : Martin Guez & Jean-Baptiste Caillet

Crédits audio : Antoine Jeuffin & Martin Guez

 

Vous en voulez encore ? D'autres étudiants de l'IPJ vous raconte tous les détails sur l'organisation de ce projet fou, et c'est ici.

 

Remerciements :

Famille Benzaquen, Université Paris-Dauphine, Jean-Baptiste Caillet, Gaspard Landel.

 

Sa famille est au premier rang, au grand complet. Grand-père, grand-mère, père, mère… Tous sont là. Et ils vibrent. Mais étrangement, ce sont ceux que l’on entend le moins dans l’amphithéâtre. Tous font bloc derrière Cyril, et retiennent leur souffle. Quelques encouragements sont donnés ci et là. Mais pas d’effusion de joie. Les visages sont fermés.